Manoir de Vladislaus Straud, Forgotten Hollow – Présent

- On dirait que ton ami s’est enfin calmé. Il était temps. J’en avais ma claque de l’entendre hurler comme un possédé.
- En même temps, on l’a enfermé de force dans un cercueil. Je peux comprendre sa rage …
- C’est pour son bien. Le cercueil va lui permettre de se couper du monde et de vider les émotions qu’il a engrangées.



- J’espère qu’il va sortir de là et très vite …
- Fatigué ?
- Un peu oui.
- Si tu dormais la nuit, au lieu de tenter d’être à la hauteur de mademoiselle Vatore, tu te sentirais mieux justement. D’ailleurs, il est plus de minuit. Tu devrais dormir au lieu d’être ici.
- Bof, j’ai toujours été un oiseau de nuit.
- Seulement, là, tu ne te reposes ni le jour, ni la nuit. A un moment donné, il faut faire un choix.
- Je veille mon ami.
- Laisse-faire ceux qui peuvent.



- Ça veut dire quoi ça … Je suis tout à fait capable de veiller sur mon ami.
- Je n’ai pas dit le contraire. Mais tu es mortel « Charlie ».
- Seuls mes proches m’appellent par mon surnom …
- Entre-nous, il te va bien mieux que ton prénom snob. Même si tu es un tant soit peu snob ceci-dit.
- Que je sois mortel ou pas, je ne vois pas ce que ça change. Je suis tout à fait capable de gérer Caleb s’il …
- Non, tu ne l’es pas. Ton talent, c’est le contrôle mental et tu ne peux pas utiliser ce pouvoir sur Caleb. S’il pète un plomb et s’attaque à toi, tu es mort. La parole ne sert à rien quand il est dans cet état, je suis bien placé pour te le dire. Je l’ai combattu et j’ai échappé de peu à un long séjour dans un cercueil pour me régénérer. Alors, tu vas être raisonnable, rentrer chez toi, dormir et éviter de multiplier les galipettes avec un vampire. Elle va finir par te casser en deux par accident.



- Tu as le goût du danger … Ce serait bien de freiner ton tempérament tête brûlée. Tu as des responsabilités maintenant. En tant qu’éveillé, en tant que chef et en tant que futur mari également.
- Je n’ai aucune responsabilité en tant que mari …
- Si, tu en as une. Perpétuer ton nom, comme le font tous les êtres humains lambda. Sans ça, il n’y aurait plus personne sur terre. Et sans ça, il n’y aura plus de perpétuation de la lignée des Beaumont.
- Bof … Le monde s’en remettra.
- Je ne suis pas certain que Vladislaus soit de cet avis. Es-tu conscient de tous les sacrifices qu’il a fait pour élever les membres de ta famille ? Non, j’imagine … Pour toi, c’est normal. Tu fais partie de ces gens qui pensent que tout leur est dû.



- Tu parles de moi, mais tu ne connais rien de ma vie …
- C’est vrai. Mais j’en ai vu assez pour savoir que tu as les qualités d’un leader. Mais cette qualité n'est pas suffisante pour que Vladislaus te laisse seul aux commandes. Tu es bien trop rebelle, comme ton petit frère.
- Je n’ai pas de frère …
- Ah … Albrecht n’est pas ton petit frère ? J’aurais cru … Vous vous ressemblez terriblement de caractère. Je pensais que vous aviez la même mère.
- Non … mais je le considère quand même comme mon petit frère.
- Si tu veux un conseil d’ami, trouve un moyen de le contrôler. Il n’écoute que son père et ça, c’est un énorme problème. Le jour où Meinhard Faust rejoint l'autre côté, ce sera la catastrophe. Alors, trouve une solution avec lui et Vladislaus, et vite … La première étant que les Faust coupent un peu le cordon … C’est bien d’aimer son enfant, mais ils sont bien trop fusionnels.
- Tu iras leur dire ça. Je ne suis pas là pour faire ta commission.
- Oh mais ne t’inquiète pas, je leur en parlerai. Je n’ai pas peur de ce petit démon aux allures d’ange. Ahlala, vous avez un sacré caractère tous les deux. Je serais curieux de savoir à quoi ressemblaient vos mamans.



- Elise et Sybille étaient des jeunes femmes délicieuses. Si douces et souriantes … Je garde un bon souvenir d’elles. Même de Sybille, malgré son lourd passif avec son fils. Vous avez bien fait connaissance tous les deux ?
- Oh oui. Je donnais quelques conseils à Charlie.
- J’ai assez fait connaissance d’ailleurs. S’il pouvait repartir dans ses Carpates par colis postal, ça m’arrangerait.
- Ah non, je reste. Vous ne vous en sortirez pas sans moi.
- Pas que ça m’enchante, mais je dois avouer que j’ai besoin de mon ami ici.
- Ah, ça me fait plaisir de t’entendre m’appeler « mon ami ».
- Oui, bon … N’en fais pas toute une histoire non plus …



- D’ailleurs, je suis d’accord avec Vlad. Tu devrais rentrer chez toi te reposer. Ta journée a été éprouvante.
- Comment ça éprouvante ? … J’ai assisté à l’enterrement de quelqu’un dont je me tape comme de l’an quarante.
- Charles, mon garçon … Tu as utilisé un nouveau pouvoir aujourd’hui …
- Et voilà que vous recommencez avec ça. Vous me faites une caméra cachée pour remonter le moral d’Al, c’est ça ?
- Charles, voyons … Nous l’avons tous vu, même Luna.
- Vous avez tous eu la berlue oui. Je suis incapable de bouger quoique ce soit par la pensée. Vous êtes relous vraiment !
- Mais …
- Regarde. Là, j’ai envie d’envoyer bouler dans la stratosphère ton copain vampire. Tu le vois voler ? Non. Alors, vous me lâchez avec ça avant que je ne déchire ton précieux grimoire en milles morceaux.



- Tu as réellement sale caractère. Décidément, c’est un trait de caractère qui est resté chez les Beaumont.
- Et l’Univers sait que j’ai fait en sorte de marier les hommes avec des femmes douces pour enrayer ça. En vain.
- D’où tu te permets de parler des Beaumont toi …
- En 500 ans de vie, j’en ai connu des membres de ta famille. Ce n’était pas des enfants de chœur. Sans compter leur amour pour les vampires. Tu te souviens d’Auguste Vladislaus ?
- Ah oui, ce brave Auguste … C’était le frère jumeau de ton arrière-grand-père Antoine.
- C’était juste avant la deuxième guerre mondiale. J’étais passé enfin présenter Mina et Lucy à Vladislaus. Vous viviez encore tous en France. Auguste est tombé raide dingue amoureux de Lucy, alors qu’il était marié et père.
- Et … il a réussi à se la faire ?
- Que l’Univers m’en garde, non ! Pour ça, encore faudrait-il qu’il ait eu le profil du prince charmant pour ma fille. Elle n’a plus voulu un seul homme dans sa vie après son mariage raté avec Arthur … qui l’a reniée quand il a vu qu’elle était entrain de devenir un vampire. Dire qu’il avait juré devant Dieu de l’aimer et la chérir pour le meilleur et pour le pire. Tu parles … Il a tenté de la tuer durant sa mutation et elle serait morte si un certain Quincey ne s’était pas interposé. Il est mort à sa place. Finalement, c’est lui qu’elle aurait dû choisir d’épouser. C’était un brave garçon.
- Oui, tu me rediras ça plus tard. Je vais y aller. Passez une bonne nuit et … veillez bien sur Caleb. Si ce n’est pas le cas, ça va chauffer pour vos grades, je vous le garantis !



- Oh mais il est sentimental. C’est mignon. Tout n’est pas perdu on dirait.
- Charles a toujours été quelque peu sensible.
- Hey, je suis encore là, je vous entends ! Je ne suis pas sensible !
- C’est cela oui. C’est bon, tu peux l’avouer que tu as un cœur. Ça ne va pas te tuer.
- Vlad … laisse-le tranquille …
- 3 jours et j’en ai déjà marre de lui …
- Eh bien, imagine que moi, je le supporte depuis des siècles.
- Je suis très agréable à vivre pourtant. J’ai toujours le sourire.



- Voilà, j’ai enfin fini de ranger le bazar à la maison … Chéri, rappelle-moi de ne plus jamais héberger Jamal. Ah, tu n’as pas l’air d’être de bonne humeur.
- ça se voit tant que ça ?
- Un peu oui …
- Tu tombes à pic, j’étais sur le départ. Je me suis un peu fait jeter par nos deux vampires.
- « jeter ». Je t’ai juste dis d’aller dormir. Tout de suite les grands mots.
- Un jour, je le jure … je vais l’envoyer valser loin, mais très loin …



- Si moi, je fais la gueule, tu n’as pas l’air à la fête non plus. Tu veux que je prenne Jamal à l’appart’ avec moi en attendant qu’on lui trouve un appart’ ?
- Non, ce n’est pas ça … Mon frère me manque.
- Il te manque ? Mais il est juste là, dans le cercueil. Tu peux lui parler si tu veux. Il t’entend.
- Mais ce n’est pas pareil. En plus, quand il est en forme sombre, il dit des choses horribles.
- Il ne le pensait pas Lilith.
- Il m’a dit qu’il me détestait.
- Voyons … Tu sais bien qu’il t’adore. Vous avez juste quelques petits soucis à régler une fois qu’il sera sorti. Mais si vous pouviez trouver les mots tonton Vlad et toi pour le ramener au plus vite, ce serait bien. Je n’ai pas envie de le voir enfermé là durant des mois …

- Tout ça, c’est ma faute ….
- Oh non, tu ne vas pas te mettre à pleurer toi aussi. Décidément, c’est ma journée. Allez, viens-là … Ce n’est pas ta faute.
- Si ! Caleb et moi, on ne s’était jamais rien caché et là, je lui ai menti durant 15 ans.
- De toute façon, tu veux y faire quoi ? C’est fait maintenant. On ne peut pas revenir en arrière et le changer. C’est bien la première fois que je te vois dans cet état … Je vais rester du coup …
- Non, repars te reposer. Ça ira.
- Tu es certaine ?



- Oui. Merci …
- Lilith, si tu veux que je m’en aille, il faudrait que tu desserres ton emprise.
- Non … Je profite d’un câlin.
- Tu me forces oui … Toi et Luna, je vous retiens ! Je ne veux plus entendre parler de câlins durant des mois ! J’ai eu ma dose. Allez, j’y vais, sinon je vais me raviser. Bonne nuit Lilith.
- Bonne nuit.
- Appelle-moi si vraiment ça ne va pas, ok ?



- ça y est, il est enfin parti. Encore un peu et tu l’aurais empêché de rentrer chez lui. Ah les femmes … Vous avez toutes les armes pour nous faire capituler.
- Le premier qui dit à Cal’ que j’ai pleuré, il se prend une droite. C’est clair ?
- Une droite ?
- Lilith a toujours été un peu garçon manqué.
- A voir son style vestimentaire, je ne m’en serais jamais douté.
- J’ai fini par m’habiller en fille au fil des siècles …



- Lilith, il faut que je te dise quelque chose sur Charles. Je n’ai pas vraiment eu l’occasion de t’en parler vite-fait toute à l’heure.
- Qu’est-ce qu’il a encore fait …
- Hmm … Disons que la vision de Meinhard s’est révélée juste.
- C’est-à-dire ?
- Comment t’expliquer ça … Avant de partir du cimetière, Charles s’est emporté sur Meinhard et Jacques et … Il a utilisé un nouveau pouvoir.
- Pourquoi il ne m’en a rien dit ?
- Parce qu’il ne s’en est pas rendu compte et que … on a tenté de lui dire, mais en vain. Il ne nous croît pas.
- C’est quoi son nouveau pouvoir ?
- Le même que Lucien.
- Père, tu es sûr que tu vas bien ? Charles n’est pas télékinésiste … Je le saurais sinon. On s’entraîne tout le temps ensemble. Je l’aurais remarqué quand même.



- Tu ne vas pas t’y mettre toi non plus. Nous l’avons tous vu : Jacques, Meinhard et même Luna. Si ça ne suffit pas à te convaincre …
- Ce que je ne comprends pas, c’est comment il ne s’en est pas rendu compte.
- Il était focalisé sur son père et son parrain et il n’a pas vu qu’il avait fait voler des bougies.
- Charles, télékinésiste … Mais … C’est une catastrophe !
- Comment ça ? Moi, je trouve ça très bien qu’il ait un pouvoir offensif ma fille.
- Mais il va se croire tout puissant avec ça !
- Il se croit déjà tout puissant avec le contrôle mental … ça ne nous le changera pas vraiment …
- Mais il faut lui dire !
- On a essayé, mais il ne veut rien entendre. Il pense qu’on lui fait une blague …



- La seule façon, c’est de provoquer son pouvoir à nouveau.
- Voyons mon ami. Méphistophélès vous a dit qu’il n’était pas prêt.
- Je ne cache plus rien à personne. C’est fini tout ça … On a vu les dégâts que ça cause.
- Quand un veilleur donne une information, il faut l’écouter. On ne t’a jamais appris ça ?
- Je le sais très bien Vlad !
- Il va se passer quoi quand vous allez lui prouver par A+B qu’il est télékinésiste et qu’il va se retrouver à ne rien pouvoir bouger avec son esprit parce qu’il n’est pas prêt ? Si un veilleur le dit, c’est que c’est vrai ! En faisant ça, tu vas nous le faire douter. Ce n’est pas le moment.
- ça lui apprendra peut-être l’humilité qui sait ?
- Tu crois encore au Père Noël Vladislaus ? Parce que ça, c’est bien une des seules choses qui n’existe pas sur terre. C’est ce que je m’escrime à expliquer à Lucy depuis des décennies … Elle croit toujours que c’est le gros bonhomme rouge qui lui met des cadeaux sous le sapin à Noël. Si elle savait seulement que c’était moi …
- D’ailleurs, en parlant de tes filles, si tu pouvais arriver à les joindre … J’ai une goule dont on doit se débarrasser. Je suis en train de voir les détails du rituel avec Jahia et les jeunes Vladimir et Albrecht.
- Parce que tu vas laisser ton veilleur en convalescence faire un rituel aussi compliqué ? Tu veux nous le tuer ou quoi ?
- Il ne sera pas seul … C’est surtout Vladimir qui va être à plat après.



- Je te suspecte de tenter de l’affaiblir pour le transformer … Tricheur …
- Je t’assure que non. Ça m’embêterait de mettre fin à la lignée des Faust. Ils ont toujours été des gens si agréables et spirituels. Je vais le laisser faire un enfant et puis, j’aviserai …
- Je vais te surveiller, je te le garantis ! Tu ne me piqueras pas mon possible futur disciple sous le nez !
- Je l’ai vu le premier !
- Père … Vlad … Sincèrement … Vous n’allez pas vous battre pour ça quand même …
- (en chœur) on ne se bat pas, on argumente !
- D’ailleurs, va plutôt t’occuper de téléphoner à Mina ou Lucy !
- J’essaie figure-toi. Mais Mina me raccroche au nez … Et Lucy, ce serait un miracle que son portable soit allumé … Elle est toujours restée calée sur son époque.
- Si tu ne papillonnais pas à gauche à droite, Mina te parlerait toujours …
- Oh ça va, c’est bon. Monsieur le moine ne va pas me faire la morale. Trouve-toi une femme et après, on en reparlera …



- Il doit être 8h à Londres. Je vais essayer d’appeler avant que Mina ne prenne le travail.
- Elle fait des consultations le dimanche ?
- Eh oui … Elle ne s’arrête jamais de travailler. Ça l’occupe … Et … Vladislaus ?
- Oui …
- Fais-moi le plaisir de parler à ton fils. Je suis d’accord avec Charlie. Il faut que tu trouves les mots pour l’apaiser et le sortir de là.
- Tu as l’air désespéré père.
- Moi qui pensait être tranquille, mais non … il a fallu qu’il veuille s’installer avec moi ici. Par l’Univers, et dire qu’il y a Stéphanie qui va peut-être venir travailler ici … Je crois que finalement, je vais l’appeler pour lui dire que ce n’est pas la peine … Il ne va pas arrêter de la suivre partout pour parler …
- Parler ? Tu ne voulais pas plutôt dire « séduire » ?
- Non, j’ai bien dit « parler » … Il s’ennuie alors il n’arrête pas de vouloir parler à qui veut bien lui faire la conversation. Ça l’occupe …



- Bon … Je crois que Charles a raison. Il faut que je parle à Caleb. Ton homme est vraiment quelqu’un d’avisé. Tu as bien choisi ma fille.
- Tu veux que je vous laisse seul ?
- Non. J’aimerais que tu restes. Ça te concerne toi aussi. Il y a des choses … que je ne t’ai jamais dites.
- Tu n’y es pas obligé si tu ne le veux pas.
- Je ne me sens pas obligé ma fille.

- Caleb … Lilith … Il est temps que je vous confie des choses que j’ai confié à de très rares personnes. Il est temps que je vous parle de mon passé. De qui j’étais lorsque j’étais encore mortel … Comment j’ai vécu ma mutation … Pourquoi j’ai décidé d’hiberner sous la garde des templiers et pourquoi ils m’ont sorti de là …



- Mais surtout, ce qui m’a amené à vous recueillir et vous transformer quelques années plus tard. Je pense que je vous dois bien ça.
- ça va nous servir à quoi de le savoir père ? Nous sommes vampires et avec toi. C’est la seule chose qui compte.
- Non Lilith. Je vous le dois, surtout à Caleb. Je veux que tu saches que si je t’ai proposé la transformation, c’est parce que je savais que tu ferais un bon vampire. Même si je t’ai caché des choses, j’ai toujours été fier de toi et je t’aime autant que ta sœur. Je n’ai jamais regretté ce choix que nous avons fait tous les trois de passer l’éternité ensemble. Sauras-tu pardonner à ton vieux père ses erreurs ?



- Bon … J’espère qu’elle va enfin vouloir me répondre … C’est parti …
- Bonjour. Cabinet du docteur Murray.
- Mina c’est moi … Vlad … J’ai besoin de te parler.