• Une lumière dans les ténèbres (3)

    Une lumière dans les ténèbres (3)


    Manoir de Vladislaus Straud, deux mois plus tard…

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    Et c’est ainsi que deux mois plus tôt, je m’étais fait un nouvel ami. Vladi était très sympa et nous avions pas mal en commun. Même si nos intérêts divergeaient. Lui, il adorait les sciences, alors que moi, mon truc, c’était plutôt la littérature et le théâtre. Et j’adorais l’art, surtout la photographie. A croire que le gène scientifique des Faust avait sauté une génération. Enfin, c’était normal qu’on soit copains. J’étais quelqu’un de très drôle et sociable après tout. Je m’étais fait un tas d’ami à l’hôpital avec qui je gardais contact malgré la distance, que ce soit par lettre, carte postale, mail ou skype. Je pouvais passer des heures au téléphone. J’adorais parler.

    Du coup, j’avais beau être médium, je ne me suis pas du tout attendu à ce qui s’est produit lors de ma rentrée à l’école de Windenburg, après 4 années de déscolarisation. J’étais le petit nouveau dans un groupe qui se connaissait déjà. Toutes mes tentatives pour aller vers les autres s’est soldée par un échec cuisant. Tout le monde parlait dans mon dos. J’étais pour eux Faust, le fils du directeur. Une grande asperge chétive, tout le temps fatigué avec mes cernes de trois mètres de long. Il n’a pas fallu longtemps à certains gars de l’école pour me prendre pour cible, histoire de bien faire les beaux devant les filles populaires. Ils se pensaient bien plus fort que moi. Et ça ne s’est pas arrangé avec Latifah qui était tout le temps sur mon dos. Même au manoir de tonton Vlad, il fallait qu’elle me colle. Pire que de la glu… Un jour, Albrecht Faust se l’est promis : elle finirait pendue par les pieds dans le vide. Ça me tentait terriblement.

    - Faust, reviens ici tout de suite !
    - (soupir) Elle me fatigue.
    - Faust !!! Je finirai de toute façon par te mettre la main dessus !
    - Bon, puisque c’est comme ça, je vais passer la seconde.
    - Hey mais… (souffle) comment il fait pour être aussi rapide ? Je suis morte…
    - A toute Latifah.
    - Toi !!!

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    - Bonjour Tonton. Tu joues à l’orgue. Serais-tu contrarié ?
    - Pas du tout. J’avais envie de m’entraîner un peu. Alors, cette première semaine à l’école ?
    - Je n’ai pas vraiment envie d’en parler.
    - Ah… Ton cœur bat très vite Albrecht.
    - J’ai couru pour échapper à Latifah un peu. D’ailleurs, il faudrait lui faire comprendre qu’elle doit me lâcher. Je vais finir par lui montrer qui est le véritable Albrecht Faust.
    - Je préfère que tu t’en abstiennes. Elle serait capable de copier ta forme de veilleur et s’en servir. Et ça la tuerait très certainement.
    - Et ce serait mal ?
    - Mon garçon. Voyons.
    - Je viens d’y réfléchir et je ne vois pas en quoi c’est mal qu’elle retourne de l’autre côté. Après tout, nous venons tous de là.

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    - Faust !!! Plus jamais tu ne me fais courir ! Ça a ruiné ma beauté naturelle ! Je suis en sueur !
    - (chuchote) Ce qu’il ne faut pas entendre.
    - Bonjour Latifah.
    - Oh désolée tonton chéri. Tu vas bien ?
    - Si vous pouviez éviter de venir avec le cœur battant la chamade, je vous en serai gré. J’aimerais éviter la tentation de me nourrir sur vous.
    - On ne recommencera plus, c’est promis ! (chuchote) Toi et moi, on va avoir une petite discussion.
    - Pas la peine de chuchoter. Tonton Vlad est un vampire. Il nous entendrait même chuchoter à l’autre bout de Forgotten Hollow.
    - Je vais te faire comprendre qu’à Windenburg, je suis la reine et toi… tu n’es rien, ok ? Alors tu seras gentil de faire comme si toi et moi, on ne se connaissait pas.
    - Alors pourquoi tu viens tout le temps me chercher ?
    - Parce que j’ai un standing à tenir et que ce standing, je vais le garder en te malmenant. Tu comprends ?
    - Je ne suis pas stupide. Si tu crois que je vais t’obéir au doigt et à l’œil, c’est mal me connaître. Albrecht Faust n’écoute personne. Je n’écoute que p’pa. Lui seul, ainsi que mes aïeuls, ont autorité sur moi.

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    - Tu te fiches de moi en plus. Pour qui tu te prends le morveux. C’est MOI l’aînée. Tu me dois le respect.
    - Et encore quoi ? Tu t’es prise pour Charlie ou quoi ? Si je lui ris au nez quand c’est lui qui fait son petit chef, tu penses bien que je ne vais pas m’abaisser devant toi.
    - Je te jure que d’ici lundi, je vais trouver comment me venger. Tu vas morfler.
    - Tu me menaces là ?
    - Albrecht mon garçon… Du calme…
    - Je crois que je vais faire courir une rumeur croustillante sur toi. Et toute l’école le croira.
    - J’ai bien entendu. Elle me menace. Malheureuse. Je peux me venger tonton ?
    - Non… Tu restes tranquille. Tu as la santé fragile, ne l’oublie pas.
    - Tu as entendu ? Tu es trop faible Faust et tu le seras toujours. Alors comment pourrais-tu te venger, sérieusement ? Tu ne pourras rien me faire avec tes petits bras. Bon, ce n’est pas tout ça, mais « Latifah Massouf » va retrouver sa nouvelle grande copine.
    - Parce que tu as réellement des amis ? Tu les paies pour t’aimer à mon avis.
    - Tu vas vraiment souffrir lundi… J’ai toujours plus d’amis que toi, ça c’est certain. Bye le squelette. J’ai mieux à faire que de discuter avec toi.

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    C’est sûr… Tout le monde aime les gens qui brillent. Personne ne pourrait aimer un veilleur. Personne ne pouvait aimer Albrecht Faust. J’étais certainement condamné, dans quelques années, à passer le reste de ma vie seul, à la maison, sans femme et sans enfants pour m’attendre après ma journée de travail. Ça me rendait tout triste d’un coup et, en même temps, j’étais très en colère. J’étais en train de me demander pourquoi l’Univers m’infligeait tout ça pour ma toute dernière incarnation.

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    - Al chéri, ne l’écoute pas. Tu en as peut-être peu, mais ce sont de vrais amis. Dis donc jeune homme, tu as la tête des grands jours. Tu me fais penser à ton père quand tu fais la tête.
    - Oh ça va, je sais que je ressemble à p’pa. Tout le monde me le dit tout le temps. D’autant plus depuis qu’il m’a fait couper les cheveux. J’aimais bien mes cheveux longs.
    - Quelle humeur.
    - Un jour, je me vengerai de Latifah. Foi d’Albrecht Faust.
    - Mon garçon. Latifah est encore jeune. Laisse-lui le temps de mûrir et de devenir une meilleure personne.
    - Tu es sûr qu’elle va changer père ?
    - Si Charles a pu s’adoucir un tant soit peu, j’ai espoir pour elle également.
    - Je n’ai plus la patience père. J’ai déjà assez donné de ma personne. Je te laisse t’en charger. Allez viens à côté de moi chéri, on va parler tous les deux. Viens me raconter ce qui te tracasse.

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    - Je n’ai rien à dire.
    - ça fait une semaine qu’on ne s’est plus vu. Tu as bien quelques petits trucs à me raconter. Par exemple, l’école.
    - Je n’ai pas envie d’en parler. Je ne veux plus jamais y retourner !
    - Tu as fait des pieds et des mains pour retourner à l’école auprès de ton père, parce que tu voulais te faire plein de copains.
    - Justement, l’école c’est nul. Tout le monde se moque de moi. J’ai réfléchi, je me suis remis en question et je n’ai toujours pas compris pourquoi ils étaient tous méchants avec moi. Je n’aime pas ne pas comprendre…
    - Ah… ça s’est si mal passé que ça ?
    - Je crois qu’ils savent.
    - Savoir quoi chéri ?
    - Qu’Albrecht Faust est un veilleur.
    - Enfin chéri… Bien sûr qu’ils ne le savent pas.
    - Au fond d’eux, oui. Personne n’aime les veilleurs. Tout le monde en a peur. C’est la seule explication que j’ai trouvée à leur comportement envers moi.
    - Tu sais très bien que ce n’est pas vrai. Nous, on t’aime. Tu en as parlé à ton père ?
    - Oui et il m’a dit que je devais les laisser faire et les ignorer. Seulement moi, j’ai envie de montrer que je suis plus grand et fort qu’eux. Ça leur apprendrait l’humilité de se faire refaire le portrait par un gamin chétif de 8 ans…
    - ça ne fait qu’une semaine que tu as repris l’école. Laisse-toi le temps de te faire des copains. Je suis certaine qu’il y aura au moins une personne dans ta classe pour venir te parler et devenir ton ami.
    - Hmm…

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    - Hey Dja’. Euh… Il est arrivé quoi à tes cheveux ?
    - Tu veux vraiment savoir ?
    - Bah ça m’intéresse oui. Il y a encore une semaine, tu me disais que tu voulais qu’ils poussent encore pour te faire des rastas.
    - Les rastas vont devoir attendre et je peux dire merci à ma petite sœur pour ça !
    - Laquelle ?
    - Charlie, c’est toi l’abruti aujourd’hui. Lati ! Tu veux que ce soit qui d’autres ? Sorena ? Elle s’occupe plus de construire des colliers de nouilles à m’man. Lati a vidé mon shampooing et elle y a mis de la glu dedans. De la glu !!!
    - Ah… Tu as tué ta frangine ?
    - Non, mais je me vengerai, je le jure ! Je compte lacérer ses fringues de marque. Comme ça, elle n’aura plus rien à se mettre. M’man a fait ce qu’elle a pu pour rattraper le massacre. J’ai dû couper tout le reste. J’ai envie de pleurer.
    - ça va repousser Dja’, t’inquiète. Surtout chez toi. J’ai toujours trouvé impressionnant la vitesse à laquelle tes cheveux poussent.
    - Bah j’espère que t’as raison, parce qu’on dirait un gamin de 14 ans comme ça. Fini les cheveux ondulés et le bandeau. Je vais draguer comment moi maintenant ?
    - En montrant ta musculature… Vois le bon côté des choses. Toi au moins, tu as ça pour toi. Moi je n’ai rien. Je suis obligé de donner mon nom de famille pour me faire des filles. Allez viens. On va voir Al. Il va te remonter le moral.
    - En se moquant de moi je parie.
    - Tu le connais. Il aime taquiner. Ce n’est pas un Faust pour rien.

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    - Ah bah, c’est mort. Al a l’air remonté. Je ne pense pas qu’il soit d’humeur pour me remonter le moral. Je peux encore dire merci à ma sœur pour ça. Quand est-ce qu’elle va arrêter de lui chercher des noises constamment ?
    - (soupir)
    - ça va Charlie ?
    - J’aimerais tellement avoir là, tout de suite, le pouvoir de mon grand-père.
    - Pourquoi ?
    - Pour rien…

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    - Bonjour mes garçons.
    - Salut Tonton.
    - Je suis content de voir que malgré vos âges, vous venez encore me voir.
    - On aime bien venir ici. Et puis, ça nous permet de tous nous voir. On se retrouve tous dans des villes différentes maintenant.
    - Ouais… Moi je fais ma dernière année d’apprentissage au garage à Newcrest. Charlie est à la fac à San Myshuno et Al est retourné à l’école. Et Caleb travaille pour le moment. Pff, ça me fout encore plus le bourdon.
    - ça se passe bien à l’université Charles ?
    - ça va…
    - Mon garçon, pourquoi tu ne dis pas à ton père que tu veux entrer en fac d’histoire de l’art ?
    - Le deal, c’était que j’aie un super appart’ si je faisais au moins un an en fac d’économie. Je vais la faire, la réussir et puis, je ferai ce que je veux en le mettant un jour devant le fait accompli.
    - Tu comptes ne pas lui dire ?
    - Tu as tout compris Jamal. Tu vois quand tu veux. Il saura que j’ai fait art quand je lui mettrai le diplôme sous le nez.
    - Tu me désespères mon garçon…

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    - Oh non, pas elle...
    - Vanessa t’appelle encore ?
    - Oui. Méchant comme j’ai été en plus, je ne comprends même pas pourquoi elle s’accroche. C’est dingue ça. A croire que les femmes, elles aiment les enfoirés. Je ne vois que ça comme explication. (soupir) allez, je l’ignore. J’ai mieux à faire. Elle finira par comprendre toute seule et se consoler dans les bras d’un autre.
    - C’est dommage. Elle était mignonne Vanessa.
    - Bien sûr qu’elle est mignonne. Pour m’amuser, autant que je choisisse les filles les plus mignonnes.

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    - Bah alors pourquoi tu l’as larguée ?
    - Le physique ne suffit pas Jamal. Pour que je m’accroche à une femme, il faut qu’elle ait de la personnalité et de la conversation.
    - Il n’y a pas de mal à s’attacher à quelqu’un mon garçon. Même si un jour, tu devrais effectivement te marier à une éveillée.
    - Tu m’as déjà bien regardé ? Moi suivre des règles ? Très peu pour moi.
    - (soupir) Avec un peu de chance, Jacques Villareal finira par faire sauter cette règle. Il m’en a parlé la dernière fois que l’on s’est vu.
    - J’attends de voir. Je n’ai pas confiance. Ils finiront par nous la mettre à l’envers. Les gens ne changent pas tonton Vlad.
    - Que veux-tu dire par là ?
    - Que le monde a toujours chassé les êtres hors norme et qu’ils le referont un jour dès qu’ils en auront l’occasion.
    - Jacques Villareal n’est pas comme ça.
    - Je te crois, mais les autres sont comme ça. Sinon ils ne feraient pas partie de cette organisation. Enfin, faites comme vous voulez après tout. En attendant, moi je me prépare en cas d’affrontement avec eux. Je vais d’ailleurs mettre à profit mon année sabbatique en fac d’économie pour étudier à fond. J’ai envie de m’améliorer avec mon pouvoir.
    - Bah, si dans tes bouquins, tu as une recette magique pour devenir hyper fort et hyper rapide, tu me la donnes hein. Ce sera toujours mieux que mes boucliers que je lance n’importe comment.

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    - ça va mieux chéri ?
    - Oh oui, bien mieux depuis que j’ai noté quelque chose de TRES intéressant.
    - Sur moi ?
    - ça te concerne oui. Charlie n’arrête pas se retourner sur toi.
    - Ah bon, Charles est là ?
    - Oh, je vois…
    - Quoi ?
    - J’adore quand tu fais genre que tu ne comprends pas. Moi je crois qu’un jour, vous allez vous sauter dessus. Vu comment vous êtes fiers tous les deux, je me demande combien de temps ça va encore prendre.

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    - A ta tête, je vois que j’ai raison. (chuchote) Ne t’inquiète pas. Je ne lui dirai pas que tu l’aimes.
    - Je ne l’aime pas du tout !
    - C’est pour ça que tu as fait la coiffure qu’il aime bien, que tu portes le collier qu’il t’a offert il y a des années et que tu portes une robe très sexy d’ailleurs. Même Albrecht Faust a dû mal à faire autre chose que t’admirer. Pourtant, même si tu es très belle Lilith, tu n’es pas mon genre.
    - Parce que tu as un genre ? Tu as 8 ans chéri. A ton âge, on ne s’intéresse pas aux filles.
    - J’ai peut-être 8 ans et demi, mais je sais dire quand une fille est belle ou qu’elle me plaît. C’était sympa de discuter avec toi Lilith. Je vais bien mieux. Je t’aime très fort Lilith !
    - Moi aussi mon chéri.

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    - Charlie !
    - Salut Al. Alors l’école ?
    - Tout baigne. Ton bracelet est hyper cool !
    - Ah ça ? Tu le veux ? C’est un truc que j’ai trouvé en soirée. Allez, je te le donne.
    - C’est vrai ? Je vais trop avoir la classe avec ça !
    - Je n’en doute pas.
    - Par contre, il est trop grand pour le moment. Je vais devoir attendre pour le porter.
    - Hey, elles sont comment les filles de ta classe ?
    - Quelconque. Pourquoi ?
    - Je ne te parlais pas intérieurement. Il y en a au moins une jolie dans le tas.
    - Toutes les femmes sont jolies et méritent d’être choyées comme un trésor précieux.
    - Tu sais quoi Charlie ? Je crois qu’on devrait demander à Al de nous donner des cours pour pécho les filles.
    - Je n’aurais pas la patience de parler aussi bien que lui pour embobiner les femmes.

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    - Jamal chéri. Tu as coupé tes cheveux ?
    - Ne me rappelle pas des souvenirs douloureux s’te plaît… On va dire que c’est un accident de parcours.
    - C’est dommage. Moi qui attendais pour te faire tes rastas.
    - Bah je sais. Ça devra attendre que ça repousse. Enfin si j’y arrive… avec une sœur pour me mettre des bâtons dans les roues.
    - Tu n’auras qu’à lui dire que tu veux avoir le crâne rasé. Je suis certain qu’elle te mettrait du fertilisant dans le shampooing pour qu’ils poussent plus vite.
    - Ah, pas bête tiens.
    - Sinon, j’en connais une qui a aussi changé de coiffure et… cette tenue... Tu sors avec quelqu’un ?
    - Non, pourquoi ?
    - Tu sortirais avec moi ce soir ?
    - Non plus.
    - Donc tu t’habilles chic et sexy pour faire le ménage chez toi en gros.
    - Voilà tu as tout compris.
    - Et en plus, tu te fiches de moi. Vampirette, tu vas avoir de gros problèmes.

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    - Puisque c’est comme ça, c’est moi qui vais te faire attendre maintenant.
    - Je ne vois pas de quoi tu parles.
    - Ben voyons… Il me semblait pourtant avoir été assez clair sur mes intentions.
    - Je ne suis pas ton jouet Charles.
    - Je n’ai jamais dit que tu l’étais !
    - Vu ta manière de considérer la gente féminine, je préfère passer mon chemin.

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    - Et si vous mettiez tous les deux votre fierté de côté ? Parce que l’inévitable finira tout de même par se produire.
    - De quoi tu parles Al ?
    - Vous savez très bien. J’ai peut-être 8 ans, mais j’ai bien vu votre petit manège à tous les deux. Ça fait d’ailleurs un moment que ça dure.
    - Tu t’imagines des choses chéri.
    - (rire) Comme vous voulez. Continuez comme ça le temps que vous voulez. Ça me divertit de vous voir patauger dans la semoule.
    - Mais de quoi vous parlez ?
    - Ce qui est bien avec toi nounours, c’est que tu ne remarques jamais rien. Oh mais dis donc ! Moi je dis qu’il y en a un qui a eu un petit incident avec ses cheveux. Pas trop dur le deuil ?
    - Petit enfoiré…

    Centre de Windenburg, Quelques jours plus tard…

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    Finalement, Lilith n’avait pas eu tort. Il y avait bien une personne qui s’était donné la peine d’être gentille avec moi depuis ma rentrée à l’école. Elle s’appelait Luna Villareal. Ça me posait quand même un sacré problème de conscience. Luna était la fille du président actuel de l’ordre Oméga. Donc, une future inquisitrice à n’en pas douter. Autant dire qu’on n’était pas censé être potes elle et moi. Pour son bien, j’avais décidé d’être distant avec elle pour la décourager. Mais j’avais beau faire, elle me suivait partout comme un petit toutou. Elle me rappelait Fifi… et je détestais ça. Surtout qu’elle avait le profil d’une gentille petite fille de bonne famille, un peu sainte nitouche, toujours à porter ses couettes, qui aimait les paillettes, le rose bonbon et les licornes. Seules les couettes et le côté petite fille me plaisaient bien. Je trouvais ça touchant. Pour le reste… Je déteste les paillettes, le rose bonbon et les licornes… Il n’aurait plus manqué qu’elle aime les chats et le tableau était complet. Albrecht Faust le veilleur en avait des frissons d’horreur.

    - Attends ! Tu as oublié ça. Albrecht ?
    - (soupir) Qu’est-ce que tu me veux Lulu ? Tu n’en as pas marre de me suivre tout le temps comme ça ?
    - Tu avais oublié ton collier. Il était tombé au pied de ta chaise. (souffle) Tu marches vite.
    - Merci pour le collier, mais tu n’as toujours pas répondu à ma question. Albrecht Faust n’aime pas quand on ne lui répond pas.
    - Oh euh…

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    - C’est que…
    - (soupir) Arrête d’être aussi timide. Je ne vais pas te manger. On dirait que je te fais peur.

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    - Oh non, tu ne me fais pas peur. Tu es juste impressionnant. Tu es très grand et tu fais plus vieux. Même quand tu parles, on sent que tu es mature. De toute façon, je suis timide avec tout le monde.
    - Tu ne devrais pas. Il faut t’affirmer, sinon tu vas finir par te faire marcher sur les pieds.
    - Tu me dis ça, mais… pourquoi tu ne t’affirmes pas à l’école alors ?
    - P’pa m’a dit de les laisser faire et de les ignorer. Comme ça, ils finiront par se lasser.
    - Le souci, c’est qu’ils ne s’arrêteront jamais. Crois-moi, j’en sais quelque chose. Je les ai vus pousser d’autres enfants à changer d’école.
    - Tant mieux. S’ils se concentrent sur moi, ils ne feront pas de mal à d’autres. Si ça peut leur faire plaisir.

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    - Merci du conseil. A demain Lulu. Non mais quoi encore ? Tu vas encore me suivre longtemps ?
    - Je ne peux pas venir avec toi ? Je n’ai rien d’autres à faire en attendant que mon papa vienne nous chercher mon frère et moi.
    - Reste avec ton frangin alors.
    - Disons que lui et moi, on ne s’entend pas vraiment depuis qu’il est entré au collège.
    - Lulu, toi et moi, ce n’est pas possible, ok ?
    - Mais…
    - Tu dois savoir qui je suis non ? Ton papa a dû te parler de tout ça. Je l’ai vu te disputer la dernière fois où il a remarqué que tu étais avec moi. Il t’a certainement dit que j’étais le fils de Meinhard Faust, éveillé et médium.
    - Oh oui, mais moi, ça ne me pose pas de problème du tout. Pour moi, tu es comme moi. Et puis, j’adore la magie !
    - (soupir) Tu vas avoir de gros problèmes si tu traînes avec moi. Autant avec ta famille qu’avec les gens de l’école. Va plutôt au parc avec les autres. Salut…

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    - Au revoir. A demain Albrecht !

    Malgré tout ce que j’avais pu lui dire, mademoiselle Villareal est revenue à la charge le lendemain… et le surlendemain… et tous les jours qui ont suivi. Elle a même été jusqu’à venir chez moi, frapper à la porte pour demander si je voulais jouer en ville avec elle. Ce qui n’a pas manqué d’amuser mon père qui voyait déjà en elle ma toute première petite copine. Je me suis demandé si elle était folle ou déterminée. J’en ai déduis que, dans l’un ou l’autre cas, elle était cool et avait de la personnalité. Elle était certes trop rose bonbon, mais finalement, je me suis dit que ça la regardait et que ça ne devait pas entrer en ligne de compte pour une possible entente amicale. Et puis, si j’arrivais à supporter mon grand frère Charlie, je suppose que je pouvais supporter quasiment au quotidien une Luna Villareal. Elle était bien moins pénible que lui, cela va sans dire. Elle était même tout le contraire. Elle était adorable en tout point, avec tout le monde. Sa présence rendait mon âme moins sombre. Elle était comme une petite lumière qui venait illuminer mes ténèbres. En somme, elle me faisait du bien et je me sentais apaisé et mieux dans ma peau quand elle était près de moi. Comme si en sa présence, j’avais réussi à atteindre un équilibre entre ma propre part de lumière et de ténèbres.

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    Alors ce jour, quand elle m’a encore suivi jusqu’au parc, j’ai pris une décision. Je me suis dit que j’allais arrêter de la repousser et voir ce que pouvait donner une amitié entre un éveillé et une inquisitrice. Au mieux, ça ferait une inquisitrice de moins dans les rangs d’Oméga. D’autant plus que son papa était lui-même très ouvert d’esprit et ami de tonton Vlad. Au pire, elle me trahirait plus tard et je serais alors contraint de la supprimer. Ce qui ne me donnait absolument aucun problème de conscience. Albrecht Faust fera toujours ce qui doit être fait, pour le bien des personnes qui comptent le plus pour moi. Et ce qui compte plus que tout, c’est ma famille.

    - Tu es encore tout seul ? Tu lis quoi ?
    - Toi… Évidemment. Tu es pire que de la glu. Je lis un livre écrit par Lovecraft.
    - ça parle de quoi ?
    - Crois-moi, tu ne veux pas savoir... Tu en ferais des cauchemars. Qu’est-ce que tu me veux ?
    - Je peux m’asseoir à côté de toi sur le banc ?
    - Il n’y est pas écrit Albrecht Faust, donc oui, tu peux t’y asseoir.
    - Tu ne veux pas que je reste avec toi ?
    - Pourquoi tu tiens tant à me suivre partout ? J’aimerais bien comprendre…

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    - Je trouve que personne ne devrait rester tout seul. Tout le monde devrait avoir des amis.
    - J’en ai des amis, ne t’inquiète pas. Ils sont presque tous plus âgés que moi par contre.
    - Ah, je comprends mieux pourquoi tu parles comme un plus grand. Ce sont des éveillés eux-aussi ?
    - Des éveillés et des vampires.
    - Pourquoi vous restez entre vous ?
    - Peut-être parce qu’on est souvent rejeté par les humains lambdas.
    - Tu ne veux pas que je devienne ton amie ?
    - (sourit) Albrecht aime ta détermination. La question n’est pas de savoir si je te veux bien comme amie, mais si tu veux vraiment être mon amie.

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    - Bien sûr que je veux être ton amie.
    - Soyons clair. Je suis un éveillé et toi, une inquisitrice.
    - Oh euh…
    - Je veux bien tenter une amitié entre factions ennemies, mais si jamais tu me trahis, je serai obligé de prendre les mesures qui s’imposent.
    - Je ne te trahirai jamais, je te le jure. Sur ce que j’ai de plus cher ! Je le jure sur Cracotte !
    - Cracotte ? Ne me dit pas que c’est un chat…
    - Oh non, c’est mon petit lapin bélier. Elle est super mignonne. Je te montrerai si tu v… Oh, mais… papa ne voudra jamais que tu viennes à la maison…
    - Ce n’est pas grave. Avec l’école, c’est un peu comme si on vivait ensemble. On se voit toute la journée quasi tous les jours.
    - Sinon, j’aime les chats aussi. Et puis, tous les animaux ! Surtout ceux qui ont de la fourrure ou des poils tout doux.
    - Tu n’as pas peur de te faire punir par ton père s’il te voit avec moi ?
    - Pourquoi il me punirait ? Je ne pense pas qu’il ferait ça. Mon papa aime bien ton papa. Il me dit souvent que c’est quelqu’un de très bien.
    - Bien sûr qu’il est bien. P’pa, c’est le meilleur papa de l’univers tout entier.

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    - Allez viens. On bouge. Dites-moi mademoiselle Villareal, vous voulez faire quoi de votre après-midi au parc ?
    - Je ne sais pas.
    - Tu choisis ce que tu veux. Du moment que ça m’amuse, je m’en fous.
    - Vraiment tout ce que je veux ? Oh euh… Je n’aime pas choisir.
    - Si tu ne choisis pas, je vais devoir le faire pour toi.
    - Mais je n’aime pas imposer.
    - On va faire un deal. Tu choisis une première activité et moi, je t’en propose une deuxième. Comme ça, l’un n’aura rien imposé à l’autre.

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    - ça ne te dérange pas de jouer dans le vaisseau spatial avec moi ?
    - Ahhhhhh.
    - J’ai dit quelque chose ?
    - Tu n’avais pas une activité un peu moins… enfantine ?
    - Tu ne joues jamais à l’astronaute ? Ou même au pirate ? Ou au toboggan ? Ou à la balançoire ?
    - J’ai délaissé le toboggan pour le grand plongeoir des falaises.
    - Mais c’est super haut !
    - Super haut et super fun. J’aime bien les sensations fortes. Bon, va pour le vaisseau spatial.
    - Mais tu n’aimes pas.
    - Tant que ça te plaît, c’est le principal.

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    - (ricanement) Faust le pestiféré. Je suis tellement heureux de tomber sur toi.
    - Tiens Wolfie.
    - Je m’appelle Wolfgang.
    - Pour moi, ce sera Wolfie. Tu ressembles plus à un petit toutou qui suit son maître partout. Tu vois de quoi je veux parler…
    - Quand John va savoir que tu traînes avec Luna, il va te refaire le portrait.
    - Luna est assez grande pour choisir avec qui elle a envie de « traîner » comme tu dis.

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    - Les baffes que tu t’es déjà pris ne t’ont rien appris ?
    - Oh si. Ça m’a appris que ça me divertit. Continuez, vous ne tapez même pas assez fort.
    - Tu es complètement taré.
    - Tant que vous me frappez moi, vous n’irez embêter personne d’autre. Si je dois subir ça durant des années pour que vous foutiez la paix aux autres, c’est un sacrifice que je suis prêt à consentir.
    - Tant mieux. On adore te malmener.
    - Quand j’aurai trouvé comment me venger de Junior, il finira sa vie dans un asile de fou. Passe-lui le message.
    - Et à moi, tu me feras quoi ?
    - Oh rien… Tu n’es qu’un sous-fifre. Tu ne m’intéresses pas. L’Univers viendra un jour frapper à ta porte et te donner l’occasion de te racheter pour toutes tes mauvaises actions… Wolfie.
    - Arrête de m’appeler comme ça !
    - Je trouve que ça te va très bien. Comme un parfum de prédestination. Pas que je m’ennuie avec toi, mais c’est tout comme. Pense à faire un bisou de ma part à Junior en lui disant que je l’aime très fort.
    - Je n'y manquerai pas.

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    - ça va Albrecht ?
    - Très bien. Par contre, Lulu… Si tu veux qu’on soit ami, il faut que tu m’appelles Al.
    - Pourquoi ?
    - Al, ça fait Al Capone. Ça fait Badass. J’aime bien. Voilà pourquoi.
    - Mais tu fais quoi ?

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    - Des acrobaties. J’adore ça.
    - Mais arrête, tu vas tomber !
    - Mais non, t’inquiète. Je gère.
    - Tu as appris ça où ?
    - Tout seul. P’pa voulait m’inscrire à un stage au cirque cette année, parce que selon lui, je suis un petit singe. Mais j’ai préféré choisir l’escalade, le théâtre et la musique.
    - Tu vas au solfège ?
    - Ouais. Et j’ai commencé le saxo.
    - Oh, c’est pour ça que je t’ai déjà croisé après les heures de cours. Moi, je fais de la danse classique. Mais j’ai beau m’entraîner, je ne suis pas aussi souple que toi.

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    - Mademoiselle Villareal. Veuillez descendre du vaisseau je vous prie et me suivre. Albrecht Faust va vous montrer quelque chose.
    - Hihi, tu es drôle.
    - C’est par là mademoiselle.

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    - Nous y sommes. Tu vois, ce n’était pas bien loin.
    - Oh euh.
    - Je vais t’apprendre à faire des acrobaties.
    - Oh non, tu ne veux pas me voir faire ça.
    - Mais si voyons. Ça va être marrant.
    - Pour toi oui, sûrement. Quand tu m’auras vu m’écrouler par terre lamentablement.
    - Je te promets que je ne me moquerai pas si tu tombes.
    - De toute façon, je ne sais pas faire…
    - Tu n’as jamais joué sur l’échelle ?
    - Non…

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    - Tes parents ne t’amènent jamais au parc pour t’amuser et faire des trucs marrants comme ça ?
    - Non pas vraiment. Ils sont tout le temps occupés.
    - Je comprends mieux pourquoi tu étais gauche en grimpant. Ça se voyait bien que tu n’avais jamais fait ça ou alors, que ça te faisait peur.
    - J’avoue que ça me fait un peu peur.
    - Pourtant, ce n’est pas bien haut. Je te montre les bases. Tu agrippes au fur et à mesure les barreaux, donc il faut de la force, mais aussi le mouvement. Tu dois donner des coups de hanche pour t’aider. Comme ça. Tu vois, c’est facile.
    - Si tu le dis.

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    - Tu fais le trajet retour avec moi ?
    - Euh…
    - Allez, juste une petite fois. Après on arrête. On ira faire autre chose. Je vois bien que ça ne te plaît pas.

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    - Bah voilà, tu vois que tu y arrives. Tu n’es même pas loin derrière moi.
    - C’est parce que tu y es allé doucement. Je parie que tu traverses ça plus vite.
    - Plutôt oui. Je suis maigrichon, mais je suis agile et rapide. Allez donne-moi ta main, on va monter en haut.
    - Oh non ! J’ai le vertige.
    - Mais ce n’est pas si haut et puis, je serai à côté de toi. Tu ne crains rien. Viens.

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    - Ohlala, c’est haut.
    - Si tu as peur de faire le funambule comme moi, déplace-toi assise doucement. Tu vois, tu n’es pas tombée. On a une vue imprenable sur le parc. Mon grand-père venait de temps en temps ici avec son meilleur ami pour jouer aux échecs.
    - Il est comment ton grand-père ?
    - Mort.
    - Ah… Tu l’as déjà vu ?
    - Oh oui, et même très souvent.
    - ça ne fait pas peur de voir des morts ?
    - Pour moi, non, mais je ne pense pas être une référence. Je n’ai peur de rien.
    - Moi, je crois que je serais terrifiée. Al ?
    - Oui ?
    - Je pourrai me mettre à côté de toi à l’école demain ?
    - Si tu veux. Ça te dit d’aller boire un milkshake au Harry’s ? J’ai très faim et j’ai déjà mangé tout mon goûter…
    - Oh euh, c’est que… je n’ai pas d’argent sur moi.
    - Tu n’auras rien à payer. Albrecht Faust est un gentleman. Je te l’offre.


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